L’électrolyse : un danger permanent que les plaisanciers doivent maitriser s’ils le peuvent…. Par Pierre Graux
Petit rappel de physico-chimie :
- Les charges électriques susceptibles de corroder les parties métalliques d’un bateau sont de deux ordres
- -interne : batterie ou courant 220V
- -externe :
Le bateau est entouré d’eau salée donc très conductrice et susceptible de générer des courants entre divers métaux conducteurs ;
Une source de courant inappropriée en contact avec l’eau (masse) qui élimine les courants résiduels aura un effet plus important , fonction de la puissance du générateur
Ainsi l’environnement surtout dans un port est susceptible de favoriser l’électrolyse des métaux au contact de l’eau qu’il s’agisse de l’anode, de l’hélice, de passe-coques ou de circuits de refroidissement du moteur
Pour des raisons évidentes de sécurité les bateaux en aluminium disposent d’électrodes sacrificielles également sur leur coque. à changer régulièrement.
- Les métaux ne sont pas équivalents en termes de susceptibilité à l’électrolyse, certains dits « mous » sont plus susceptibles de se dissoudre que d’autres, ce qui est à la base du principe des anodes sacrificielles que nous disposons en bout d’hélice et /ou sur l’axe de transmission de l’hélice. Les métaux sont donc classés en fonction de leur couple d’oxydo-réduction :
- La substance qui perd des électrons est oxydée et est le réducteur.
- La substance qui gagne des électrons est réduite et est l’oxydant.
- Si des métaux différents et en contact sont immergés dans un liquide conducteur, le métal avec le potentiel le plus bas (métal de base) deviendra l’anode, alors que le métal avec le potentiel le plus haut (métal noble) deviendra la cathode.
- La “batterie locale” résultante provoquera l’ionisation du métal anode et sa dissolution (corrosion).
- Cette forme de corrosion est appelée corrosion galvanique ou corrosion électrochimique, ou plus généralement corrosion électrolytique.
- A titre d’exemple, la mise en présence dans une solution saline de zinc et de cuivre aboutit à l’oxydation du zinc (perte d’électrons) tandis que le cuivre est réduit (gain d’électrons)
le Zinc qui sera oxydé en Zn2+ (c’est-à-dire qu’il sera « rongé »).
Il y a donc courant électrique entre les deux métaux et le zinc qui constitue nos anodes est dit « mou »
Face à du courant électrique interne ou extérieur au bateau, l’anode en zinc disparaitra avant l’hélice en cuivre
Des faits récents très inquiétants
A l’occasion de leur sortie de l’eau pour hivernage ou, plus récemment pour application d’antifouling, Il a été constaté sur de nombreux bateaux du bassin Napoléon, la disparition partielle ou totale des anodes sacrificielles.
Selon les shipchandlers, ce phénomène est nouveau et d’une ampleur inégalée… Certains plaisanciers qui lèvent leur bateau tous les 6 mois ont également constaté un usure prématurée des anodes
L’hypothèse la plus probable face à cette épidémie de disparition d’anodes est la mise à l’eau de masses (jusqu’à 4 simultanément) par la Socarénam pour réalisation de soudures sur les bateaux en construction.
Certains plaisanciers ont relevé une différence de potentiel de 3.5 à 4 Volts entre le neutre des pontons et l’eau pendant cette activité industrielle.
Le lien de cause à effet entre celle-ci et la disparition des anodes est donc très probable.
A notre demande (CLupp octobre 22) la CAB a adressé récemment un courrier à la Socarenam lui demandant de trouver une solution plus terrienne pour ces masses